Pandémie, et ses 100% de favoris, est une cache « urbex » extrêmement ambitieuse qui mêle, avec talent, exploration et aventure dans un décor de fin du monde. Un mystérieux virus décime la population et c’est à vous que revient la lourde tâche de découvrir d’où il vient, afin d’essayer de le neutraliser. Et pour cela, il vous faudra revenir dans le passé. Toutefois, sachez qu’il faudra mettre en oeuvre vos capacités physiques et intellectuelles si vous voulez sauver ce qu’il reste de l’humanité. Je vous propose de m’accompagner sur cette cache puis de retrouver les « Loup Silencieux », auteurs de cette épopée fantastique. Et je vous propose de vivre vous même l’aventure via une version interactive de la cache.
Fiche d’identité:
Pandémie (GC7YT29) et son bonus (GC7YT2J) sont des caches posées par le binôme « Loup Silencieux » près de Denting en Moselle. Pandémie est cotée 5/4.5 pour sa partie « multi » et « 4.5/4.5 » pour sa partie bonus. La cotation du bonus est liée à celle de la cache qui précède.
Publiées en aout 2019, elles seront archivées en mai 2021 après 89 découvertes pour 100% de favoris, ce qui la classe dans le panthéon des caches les plus plébiscitées. Le nombre de visites peut paraitre faible, mais il s’agit d’une multi complexe et relativement longue (comptez environ une demie journée pour ses 11 WPs) dans un coin perdu de la Moselle. Pourtant, elle s’est très rapidement fait la réputation de « LA » cache à faire dans le petit milieu des géocacheurs amateurs d’aventure.
Experimentation:
Je vous propose deux versions de l’article. La première est tout ce qu’il y a de plus classique : vous pouvez suivre la version « romancée » en continuant la lecture sur cette page.
La seconde est une version (très) expérimentale et (un peu) interactive où vous pouvez vous joindre à notre petit groupe de géocacheurs pour nous aider à trouver certains WPs et résoudre les énigmes. Si, vous aussi, vous êtes volontaire pour cette mission suicide, rejoignez-nous ! Le recrutement se passe ici ! Pour garder un peu d’intérêt à l’aventure, arrêtez votre lecture ici et traversez le passage temporel avant de lire le compte rendu de mission. Attention, cela ne fonctionnera que sur un ordinateur.
Je suis un fou ! J’y vais !
L’histoire:
Nous sommes en 2230. Un virus, connu sous code BSJ43, à anéanti la moitié de la population mondiale et échappe à toute tentative de contrôle ou de traitement. La communauté scientifique pense que la seule solution de mettre un terme à la pandémie serait de réussir à isoler la souche originelle. La seule chose que l’on en sait, c’est qu’il est apparu de façon très ponctuelle et très localisée dans le petit village de Denting en 1943. Avant de disparaitre à jamais… c’est toutefois ce que l’on pensait.
À défaut de trouver un traitement, la science offre une légère lueur d’espoir: le voyage dans le temps ! C’est encore très expérimental, mais le temps presse ! Pour l’instant le mieux que l’on puisse faire, c’est de vous ramener, vous et votre équipe, en 2019. Espérons que cela suffise pour trouver une piste sur l’origine du virus. Espérons également que, contrairement à l’équipe précédente, vous puissiez revenir de votre mission.
Pandémie !
C’est avec une terrible douleur que se fait sentir le choc de « l’atterrissage ». Mais le premier obstacle est passé : la téléportation est réussie ! Un passage par le portail spatio-temporel est toujours hasardeux et nombre d’explorateurs du temps errent à tout jamais entre les strates du temps. Car, contrairement à ce qu’essayent de nous faire croire les équipes de recherche, cela tient encore plus de la tambouille que de la véritable science. Toutefois, nous savons tous que le plus difficile reste à venir. Sur zone, nous récupérons quelques informations laissées par la précédente équipe dont nous sommes sans nouvelles. Ils nous indiquent qu’ils ont commencé leur mission à l’État major.
L’avancée parmi les ruines de l’ancien camp produit un étrange sentiment de fin du monde. Les bâtiments fantômes défilent dans un silence de mort. Même pas un piaillement d’oiseau pour apporter un semblant de vie. Même pas un souffle de vent pour apporter du mouvement à ce paysage figé.

L’arrivée au milieu des premiers bâtiments
Grâce à des coordonnées précises, nous arriverons rapidement à bon port. Après une petite exploration du bâtiment, nous nous rendons sur le perron pour tenter de trouver la suite des instructions. Le tout était astucieusement caché dans une planche ajoutée à ce qui dû être un panneau d’informations. L’équipe de tête devait penser que ce que l’on appelle parmi nous, voyageurs temporels, les « moldus » pourraient venir mettre leur nez dans nos affaires. Sage décision, car si pour l’instant tout est calme, il y a des traces de passages.

L’État major

Le WP2
Nous disposons donc maintenant d’un plan qui pourrait nous être précieux. L’équipe précédente a également laissé là le fruit de ses premières réflexions. La procédure dans ce cas est de TOUT laisser sur place. Si notre groupe devait ne pas revenir…. et cela me pèse de devoir écrire cette phrase… si elle ne devait pas revenir, il faut que les suivants puissent disposer d’au moins les mêmes atouts que nous. Mais nous reviendrons !
Le logement du médecin-chef, c’est, évidemment effectivement le point de passage le plus logique dans notre quête du virus. Si quelqu’un est impliqué dans tout cela, c’est forcément lui. Nous enregistrons le plan puis nous gagnons rapidement sa demeure.
Sa cave comporte quelques pièces que nous explorerons méticuleusement les unes après les autres.

Hé non, ce n’est pas celle-ci la pièce « la plus intéressante ».
L’équipe se met donc en formation de recherches. Tout est bien orchestré et nous mettrons rapidement la main sur les informations cachées par l’habitant des lieux. Mais le tout est assez cryptique : à priori c’est une liste de ses collaborateurs. Si cet officier avait décidé de cacher ce genre d’information, c’est qu’il avait des choses à se reprocher et que ces messieurs, dames, à priori tous médecins, ont certainement beaucoup de choses à nous apprendre également. Creusons donc ce machiavélique trombinoscope.
Chaque cadre comporte des lettres qui EXI/STE(nt) également parfois dans la note du médecin-chef. Ici, nous n’utiliserons pas notre convertisseur TCHEQUE SEUM 2239©, mais nous nous contenterons de regarder attentivement le nombre de lettres dans les médaillons. Et surtout, ces notes laissées par l’officier nous confirment ce dont on se doutait. Ils ont TRAVAILLÉ sur le virus ! TRAVAILLÉ dessus. C’est donc bien un virus issu de la biologie moléculaire, pas une simple lubie de la nature.
Fort de ces informations, nous changeons rapidement de secteur pour arriver sur une structure dont il ne reste pas grand-chose si ce n’est une cheminée. Serait-ce un des lieux de conception du virus ? Il nous faut en savoir plus ! Ici notre premier réflexe, qui sera le bon, sera de fouiller dans la cheminée pour y chercher des traces de ce que l’on aurait pu essayer de faire disparaitre.
Et effectivement, on retrouve par chance des restes de papiers qui ont échappés à une combustion complète. Une histoire de croix proche et un point GPS… Voilà nos prochaines pistes. Pour la croix pas de soucis. Direction donc le point le lieu suivant, à priori lié à celui-ci.

Une étrange croix munie d’une date
Ce fameux lieu suivant nous l’avions repéré de loin ! Tel un colosse, ce château d’eau garde le camp de toute sa hauteur. Nous gagnons rapidement le spot, le compte à rebours du portail spatio-temporel restant toujours présent à notre esprit.

Le « phare » du camp
Quelle belle structure ! Il sera impossible de la grimper, car il n’y a plus ni escalier ni échelle, ce qui restreint notre champ de recherche à la base de celle-ci. D’ailleurs, en quoi cette structure est précisément liée à la recherche sur le virus ? Impossible de le savoir à l’heure actuelle. Par contre, ce que l’on sait, c’est que l’équipe précédente est passée par ici. En effet, nous retrouvons un indice laissé par eux qui nous indique de sortir et de regarder le quadrillage… Mais quel quadrillage ?
On sort, mais on ne sait pas vraiment ce qu’a pu laisser comme trace nos prédécesseurs. Quand tout à coup, un membre de l’équipe d’intervention voit un étrange symbole au sol. Un « L »… on poursuit puis au loin un « A » tracé de façon similaire se dévoile, suivi d’un « B » et d’un « O » de proche en proche. BALO ? BLAO ? OBAL ? ODIL ? LABO ? Vite, un oeil sur le plan trouvé au début pour repérer où se trouve le Labo et nous gagnons rapidement les lieux.

Un indice suspect
Nous commencerons par trouver les cuisines. Un coup d’oeil sur le plan nous indique que le Labo se trouve normalement juste à côté.

Il n’y a plus rien à manger ici
Heureusement que comme le Port Salut (oui, il existe encore en 2230), c’est écrit dessus. Nous nous engouffrons donc en son sein, prêt à y chercher de nouvelles informations cruciales.
Quelle structure extrêmement étrange, il y a des dizaines de ce qui semble être des lavabos alignés les uns à côté des autres. Nous voilà certainement au point névralgique de toutes les expérimentations. Nous nous lançons dans une fouille en règle de l’espace et nous ne sommes pas trop de 3 tant il y a de recoins à sonder. Finalement, un cri de victoire jaillit!
Dans un des « lavabos », nous trouvons un compte rendu d’expérimentation. Cela nous glace le sang ! Nous savions depuis un moment que dans ce camp était en fait un centre de recherche pour la création du virus, mais de là a penser que les expérimentations avaient lieu sur des cobayes humains, il y a un pas que notre esprit n’était pas prêt à franchir. Il nous faut rapidement passer par-dessus tout ça. Le seul élément qui nous réconforte c’est que les créateurs du virus BSJ43 ont pris la précaution d’élaborer un antidote. J’imagine qu’ils voulaient éviter que leur création ne les entraine en enfer. Le remède, toutefois, semblait seulement en phase de test. En lisant le compte rendu d’analyse, il me faut me tenir à un de ces lavabos douteux. Pourquoi tant de morts ? Il faut toutefois vite reprendre nos esprits, car le temps presse. Espérons donc qu’ils auront réussi à faire des progrès, car les premiers résultats sont là ils ne sont pas encore à la hauteur de leurs espérances. En tout cas, s’il y a une piste de traitement, il faut le trouver ! Et vite !
Un rapide coup d’oeil au compte rendu des essais cliniques nous indique où ont été conduits les cobayes survivants. Nos pas nous guident dans cet intrigant tout petit château d’eau.
Il n’y reste évidemment plus aucun vestige des « patients » de nos infâmes médecins, mais peut-être nous auront-ils laissé des traces. Nous allumons nos appareils de détection basés sur une technologie révolutionnaire de notre époque, baptisée LENPUVAI, et nous passons au crible d’éventuelles traces de leur présence. Kamoulox ! Ou plutôt Bingo comme on dit en 2019 ! Un des malheureux à réussi à indiquer un autre point de transit des cobayes.
Les traces nous conduisent devant la demeure de ce qui devait être un officiel du camp. Nous trouvons d’ailleurs quelques autres bâtiments semblables que nous prendrons la peine d’explorer, au cas où. Mais sous les marches d’entrée de la bâtisse, nous trouvons un message laissé par la première mission. Encore des signes de leur passage ! Plus nous suivons leurs traces et plus nous demandons ce qu’ils ont pu devenir.
Ceux-ci nous indiquent qu’ils ont trouvé des documents intéressants sur le bureau du Dr MORSEN qu’ils joignent à leur message, si jamais une seconde équipe devait intervenir.
Après observation des documents, nous trouvons des pistes plus qu’intéressantes pour la poursuite de nos investigations. Il semblerait que le Dr Morsel ait cherché à camoufler, lui aussi, quelques informations qu’il ne souhaitait pas voir tomber dans des mains inamicales… en tout cas, de son point de vue. Aussi nous reprenons notre plan et poursuivons notre route.
Sur place, il n’y a pas trop de doute:
Dans ce genre de cas, la procédure est claire (toujours cette procédure): on envoie le moins gradé et s’il ne peut rejoindre l’équipe dans un délai jugé « raisonnable », on fait passer le bien de la mission avant celui de son équipe. Ça me dérangerait moins si ce n’était pas moi le moins gradé. Une histoire de Found-it et de médailles « Souvenirs »… Bref, je rampe au fond, tout au fond.
Ils devaient être sacrément motivés pour qu’on ne trouve pas leur secret ceux qui sont allés mettre des informations ici. Mais nous allons tout de même pouvoir nous en servir pour poursuivre notre mission. Et celle-ci nous entraine dans une sorte de transformateur quasiment végétalisé. Camouflage habile ou caprice de la nature ?
Il semblerait que les lieux aient servi pour les derniers essais de l’élaboration de l’antidote. En tout cas, nous trouvons des informations dans ce sens. Mais surtout, nous découvrons que, maintenant que l’antidote est au point, les savants fous étaient sur le point de lancer leurs expérimentations à grande échelle, certainement en contaminant l’eau du village voisin ! Filons vite au château d’eau !
Que rêver de mieux pour tester cette nouvelle arme de guerre que de verser une dose dans l’eau qui abreuve un petit village isolé dont tout le monde se fiche ! Il nous faut grimper là haut, peut-être trouvera-t-on encore des traces d’une éventuelle contamination. Nous ne laissons pas distraire par la vue et fouillons, certains en haut, d’autres en bas à la recherche du moindre indice. Et clairement, on tombe sur du lourd. On trouve un récipient de type Petling certainement destiné originellement à contenir le virus, mais surtout qui sur lequel est indiqué le « fournisseur », si je puis dire.
C’est en tout cas, c’est ce que nous écrirons sur le rapport de mission, car en vrai, un sacripant à fait disparaitre les preuves avant notre passage et nous avons erré en supputant, en regardant les cartes et en tentant des calculs plus ou moins complexes jusqu’à une intervention divine, mais chut… je reprends le compte rendu de la mission.
Cette dernière information fut donc décisive. En fouillant la zone de provenance de la dose de virus, nous trouvons bien plus que ce que nous espérions trouver en venant de notre « futur ». Bien camouflée parmi les restes de structure, une petite valise nous attend. La souche du virus BSJ43 est là, mais plus précieux que tout, l’antidote est également disponible.
Il n’y a plus une minute à perdre, la mission n’est pas terminée et il ne faudrait pas avoir fait tout ça pour rien. Il nous faut encore repasser la porte spatio-temporelle dans l’autre sens. Notre monde compte sur nous.
Cette dernière étape sera heureusement plus simple et plus rapide. Nous arrivons au lieu prévu pour le retour à notre époque avec notre précieux chargement. Selon l’environnement, cela peut prendre différentes formes, mais ici le portail temporel se reconnait parfaitement. Il est superbe !
A sa base, une capsule temporelle laissée par la précédente équipe, et au-delà la libération pour notre équipe et le salut pour l’humanité !
Conclusion : 2230. La vie reprend peu à peu son cours normal grâce à l’antidote et l’échantillon de virus rapportés par l’équipe. En quelques jours, l’épidémie a régressé et n’est, aujourd’hui, plus qu’une page noire de l’histoire que nous allons bientôt pouvoir tourner. Nous avons également pu rapporter de bonnes nouvelles aux familles de la première équipe,grâce à la capsule temporelle au niveau du portail spatio-temporel. Je vous la donne à lire tel quel.
L’histoire des lieux :
Le Ban Saint Jean ou BSJ, c’est avant tout une histoire tragique et peu connue. Situé sur la commune de Denting en Moselle, le Stalag XII F sera le lieu de passage de 300 000 prisonniers soviétiques et sera à l’origine de plus de 20 000 morts, retrouvés dans près de 204 fosses communes.
Inauguré en 1937 par le président français, Albert Lebrun, ce camp militaire est destiné à compléter le Ligne Maginot en assurant, à distance de celle-ci, un point récupération des blessés et « d’approvisionnement » en troupes fraiches. Le tout est moderne pour l’époque.
Toutefois, le début de la Seconde Guerre mondiale étant ce qu’elle est, la Moselle est annexée au Reich et le BSJ se retrouve sous administration allemande et sert de centre de détention pour les prisonniers français. Toutefois, la tentative d’invasion de l’Union soviétique voit la capture de milliers de soldats soviétiques et notamment ukrainiens. Ceux-ci seront déportés pour travailler au profit de l’Allemagne. Dans ce cadre, le camp du Ban Saint-Jean sert de Stalag pour le tri des prisonniers. Les conditions tragiques expliquent une mortalité très élevée sur fond de famine et d’épidémies.
Après la guerre, le camp sert quelques années de camp de garnison pour diverses troupes françaises, mais sera finalement abandonné en 1989. Après un projet d’usine d’incinération, finalement avorté en 2000, c’est actuellement un projet de parc éolien/photovoltaïque qui est envisagé pour le BSJ.
L’interview des Loups Silencieux
J’ai l’immense plaisir de vous proposer l’interview des Loups Silencieux qui vont nous faire pénétrer dans les coulisses de leur cache. Ceux qui les connaissent ne seront pas surpris de la longueur de l’interview ! Un ENORME merci à eux pour le temps accordé et pour leur cache. Je leur laisse le mot de la fin.
- Bonjour les Loup(s) Silencieux ! Pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaitraient pas.
Salut à tous. La Meute est une team familiale constituée du Loup, de la Louve, de la Louve Jr et du Louveteau. Pourquoi avoir choisi le pseudo Loup Silencieux ? Et bien parce que le Loup est mon totem et parce que j’ai certains traits de son caractère. Plus jeune, j’étais fan des « livres dont vous êtes le héros » et surtout de la série « Loup Solitaire ». Il faut savoir qu’au début de ses aventures, le héros se nomme : Loup Silencieux…
Ceux qui nous connaissent savent que c’est une légende, en fait nous sommes plus bavards que silencieux…
- La cache Pandémie a été posée courant 2019. Elle était prophétique! Pourquoi un tel thème ?
La prophétie :
On aurait pu indiquer : cette cache a été posée uniquement dans le but de divertir les joueurs, toute ressemblance avec des faits réels serait purement fortuite et indépendante de notre volonté…
La réalité a finalement dépassé la fiction…
Prémices :
Depuis qu’on a commencé le geocaching, on a toujours été attirés par les caches qui nous font découvrir des lieux atypiques comme les ouvrages, les grottes, les lost place, celles qui nous permettent de nous dépasser physiquement ou de faire surchauffer nos neurones. On garde en mémoire « Uran 235 », « Le Sombre Secret », « Le Trésor de Galtier » malheureusement archivées et bien d’autres encore. On s’est toujours dit qu’un jour on poserait une cache dans ce style.
Courant 2018, on a commencé à chercher des endroits abandonnés qui pourraient nous permettre de construire une histoire sous forme d’escape game. On a visité plusieurs sites sans succès avant de tomber en septembre 2018 sur un article de 2016 relatant la vente du Ban Saint Jean par l’armée à la commune de Denting. Du coup, nous avons fait des recherches sur le lieu et avons été le visiter. Nous avons découvert son histoire. Si nous décidions de poser une cache, il fallait qu’elle respecte les lieux.
Aussi, sur la page de la cache, notre premier message a été de rappeler l’histoire du site et nous avons tenu à ce que le parcours passe en premier lieu par le chemin de mémoire et la stèle érigée en hommage aux prisonniers Ukrainiens qui ont perdu la vie en ces lieux.
Construction de l’histoire :
Pour l’intrigue, nous avons utilisé les bâtiments occupés par les militaires et leur famille jusqu’au milieu des années 80. Quand on a découvert les lieux, la nature avait repris ses droits et les maisons étaient en partie cachées au milieu des arbres. La présence de sentiers bien tracés d’une entrée à l’autre indiquait une fréquentation importante du site.
Pour ce qui est du scénario, nous l’avons imaginé en fonction du lieu et construit autour de l’ambiance qui y régnait. En découvrant tous ces bâtiments en ruines lors de notre première visite, on avait l’impression de marcher dans un monde dévasté et vide, comme si les habitants avaient été décimés par un bombardement ou une épidémie. Il aurait été facile de concevoir une intrigue post apocalyptique mais on voulait partir sur autre chose.
Le voyage dans le temps nous permettait d’explorer tous les champs du possible de concilier le réel et l’imaginaire, le présent, le passé et le futur. Afin d’être cohérent, le voyage dans le temps en serait encore à ses prémisses et il ne serait possible de revenir qu’à une date et sur un lieu précis.
Pour la trame de notre histoire : un virus apparu au Ban Saint Jean pendant la Seconde Guerre mondiale décime la majeure partie de la population mondiale plusieurs siècles plus tard. La découverte de failles spatio-temporelles permet à une équipe de revenir sur place en 2019 pour tenter de découvrir la souche initiale du virus et un antidote. À partir de là, le titre coulait de source : Pandémie !
La configuration des lieux nous a permis d’allier l’exploration, les énigmes de terrain et des étapes plus physiques comme ramper dans des tuyaux, monter sur le château d’eau dans l’esprit d’un escape game à ciel ouvert. Sans oublier qu’il s’agissait quand même de geocaching.
On s’est fait plaisir à inventer cette histoire qui se dévoilait petit à petit à chaque waypoint. On a fignolé le moindre détail pour que chaque information soit essentielle. On ne voulait pas perdre les gens dans une histoire trop compliquée ou tarabiscotée.
- Pouvez-vous nous raconter l’histoire de la pose ?
Le temps :
Notre temps n’était pas compté car le but était de proposer une histoire aboutie. Il nous a fallu environ 9 mois pour repérer les lieux, construire l’histoire et finaliser la pose. Pour ce type de cache, on ne voulait pas faire ça à la va-vite. D’autant plus que d’un jour à l’autre, les idées se bousculaient et évoluaient constamment.
Les difficultés :
Le site est immense. Il fallait donc choisir judicieusement les waypoints de façon à faire découvrir le maximum de choses sans lasser les géocacheurs.
En ce qui concerne l’histoire, il aurait été dommage de passer simplement d’un waypoint à l’autre en donnant des coordonnées. On voulait un scénario qui se dévoilerait à chaque étape et dans lequel chacun pourrait s’immerger et se sentir acteur de l’histoire. Comme il s’agissait d’une multi, tous les waypoints devaient s’enchainer de façon claire sans aucune ambiguïté. Il n’y a rien de plus frustrant que de rester bloquer juste parce que l’histoire donne des informations superflues ou de tomber sur des énigmes de terrain complètement capilotractées.
Autre difficulté : réussir à rendre le scénario « vivant » dans des bâtiments complètement vides et faire en sorte que le géocacheur soit vraiment acteur et hors du temps pendant toute la multi.
Les contraintes :
Globalement , la plupart des contraintes sont celles que nous nous sommes imposées.
Tout d’abord, le respect du lieu et de son histoire.
Ensuite, il fallait tenir compte que le Ban Saint Jean est très fréquenté. À chacune de nos visites on y a croisé des familles en promenades, des passionnés d’histoire, des amateurs d’urbex, des joueurs d’airsoft… en bref, beaucoup de monde. Il fallait en tenir compte pour éviter de faire des maintenances toutes les semaines.
On aime bien mélanger le réel et l’imaginaire : les images des médecins sont celles de vrais médecins allemands, seuls les noms ont été changés. Il ne fallait pas qu’ils soient présents juste pour une énigme : on retrouve leurs rôles dans la création du virus et leurs signatures sur différents documents au cours du jeu.
La description du virus dans le Labo est celle du virus Ebola, ça donne encore plus de véracité à l’histoire.
Les bâtiments étant vides, il était nécessaire de concevoir des waypoints qui pourraient se fondre dans le décor ou ne pas être exploitables par les moldus.
Pour s’orienter et se déplacer, il fallait trouver plusieurs façons de le faire, autrement que par le GPS ou par des projections au risque de devenir lassant. C’est pour cette raison que nous avons choisi de proposer des énigmes de terrain et des repères visuels à l’aide d’un plan et de photos ce qui permettait de progresser en utilisant le moins possible le GPS.
À propos des énigmes, nous avions opté pour qu’un groupe de 3 à 5 personnes s’amuse, donc il fallait trouver des énigmes qu’on puisse résoudre en dix ou quinze minutes maximum. Nous avons trouvé qu’il serait judicieux pour l’histoire de mettre une équipe « initiale » qui avait disparu et d’en apprendre un peu plus sur elle au fur et à mesure de la progression…
On voulait également poser une cache bonus. Mais ça ne devait pas être juste une cache pour faire monter le compteur. On voulait en faire l’épilogue de l’histoire, avec le décor qui va avec. Alors là aussi, il a fallu se remonter les manches et faire preuve d’imagination.
Un badge souvenir est toujours apprécié et pour nous, c’est incontournable. On est assez content de celui-ci, il a été fait et refait de nombreuses fois avant de voir le jour.
Enfin, on souhaitait que nos amis d’outre-Rhin et du Luxembourg puissent également faire cette cache et on a traduit chaque étape en allemand. Merci beaucoup au géocacheur allemand qui nous a aidés à améliorer la traduction.
La pose :
La pose en elle-même n’a pas vraiment posé de problème. On est arrivés avec tout notre attirail : la planche avec le plan, les boites, les pochoirs et la bombe de peinture, les pinceaux et la peinture UV et de quoi pallier d’éventuels imprévus. On a bien fait, car au moment de poser le WP on s’est rendu compte que tout le lierre (pouah !) dans lequel nous avions prévu de cacher la boite avait été coupé !
On a posé ensemble les WP pour lesquels il fallait être 2 et on s’est réparti les autres par souci de discrétion. Il y avait toujours beaucoup de monde sur le site alors mieux valait ne pas trop attirer l’attention.
On s’est particulièrement amusés à construire le portail spatio-temporel avec des branches et de la mousse, à taille humaine pour la bonus … On a bien rigolé en voyant la tête des premiers géo lorsqu’ils ont vu le portail ! Au départ, il était perdu au milieu de la forêt, il donnait une dimension tout autre, mais rapidement, il s’est retrouvé en lisière suite à un bucheronnage intensif.
- Les lieux sont gigantesques et vous n’avez exploité qu’une petite partie des bâtiments. Comment avez-vous fait le tri ? Avez-vous dû renoncer à des options ?
Ce site est un ancien camp militaire, les familles des officiers puis des civils y étaient logées jusqu’en 1989.
Il a d’abord fallu repérer les lieux en intégralité, visiter l’ensemble des maisons une par une, faire l’inventaire des lieux qui se démarquaient ou du matériel qu’on pourrait réutiliser pour mettre en place les waypoints. Il a fallu beaucoup de temps et plusieurs visites pour en venir à bout. On s’est aidé d’une photo aérienne qui datait des années 1950 pour se repérer, toutes les maisons ont été numérotées et leur description notée sur un cahier. C’est ce plan qu’on a fourni sur le WP2 pour que les joueurs se déplacent sur le site à l’instar de la Louve.
Certains spots nous ont tout de suite inspirés. On a ensuite repéré tous ceux qui présentaient soit une particularité soit une possibilité de cachette pour une boite. Puis on a fait un premier tri de façon à proposer un cheminement qui quadrillait au mieux le site, avec des bâtiments différents et des points de repère qui permettaient de se déplacer sans être toujours le nez sur le GPS. Il nous restait alors une vingtaine de waypoints, c’était encore trop.
Nous avons alors pu affiner le scénario et décidé de supprimer des waypoints qui n’apportaient rien à l’histoire. Enchainer les projections pour aller de A à B ou donner des coordonnées pour rajouter plus d’étapes ne semblait pas approprié pour le coup. Il valait mieux laisser le choix aux géocacheurs de s’arrêter ou non en chemin pour visiter les maisons.
On a renoncé à l’option de mettre un WP en T5, chose qui était largement faisable, mais dans ce cas, nous ne visions plus le même public. Le choix a été fait de mettre le dernier WP en T4.5 pour la grimpette sur le château d’eau. Un moment magique pour ceux qui y sont grimpés.
On a gardé 12 waypoints plus un supplémentaire pour la cache bonus. Il fallait alterner des visites, des énigmes, des WP « d’histoire », des séquences « fortes »…avec un dosage suffisant pour qu’à la fin le géocacheur ne se dise pas « ouf ! Heureusement qu’il n’y avait pas un WP de plus » mais plutôt « trop cool ! On en aurait bien fait un petit dernier ! »
- Quel retour des géocacheurs avez-vous eu sur votre travail ? Y a t-il eut des étapes plus compliquées que d’autres pour les joueurs ? Des anecdotes peut-être ?
Pour les retours, tout est dans les logs : nous avons eu beaucoup d’émotion en les lisant, on sentait au travers de ceux-ci ce que les géo avaient vécu ! C’est ce qui nous a fait le plus kiffer : voir qu’on avait fait mouche, qu’on avait procuré du plaisir et fait vivre une véritable aventure. Certains se sont bien lâchés, pour notre plus grand bonheur.
Les anecdotes :
🡺 Seul un joueur a tenté l’aventure en solo…Il lui a fallu 3 jours et un peu d’aide pour le réorienter. Un grand bravo à lui !
🡺 Une équipe de 2 joueurs a tout fait SANS aide…en deux fois à cause d’une énigme récalcitrante …Félicitations !
🡺 Etant dans le staff du Géofourneau, on avait nos noms sur nos Tshirts. On s’est littéralement fait sauter dessus par des géocacheurs, tout heureux de rencontrer les owners de Pandémie ! Une très chouette rencontre.
🡺 Pandémie a fait l’objet d’une publication sur les sites d’Urbex, on a même eu des visiteurs de l’autre bout de la France !
🡺 Une des joueuses connaissait bien le site … pour y être souvent venue quand elle était petite parce que sa tante y habitait ! Un gros moment d’émotion
🡺 Les logs de fou des géocacheurs !
🡺 Quand on a visité la « cave des médecins », on s’est dit que l’endroit était approprié pour cacher une boite. Je sentais quelque chose dans cet endroit, une atmosphère particulière…Mon 6ème sens m’indiquait qu’on n’était pas seul…En fouillant un peu, je suis tombé sur la boite finale d’une cache posée en 2006 (GCG8RT), archivée et verrouillée (le site était militaire à cette époque et donc interdit)
L’étape qui a le plus posé de problème aux joueurs, c’est le WP3 : la cave des médecins. Une énigme à l’apparence facile mais….non… Nombreux sont ceux qui se sont retrouvés au milieu de nulle part en se disant que visiblement ils n’avaient pas trouvé les bonnes coordonnées !
Le WP5 aussi en a laissé quelques-uns dans l’interrogation… « Mais il est où le quadrillage ? ». Celui-ci permettait d’y trouver les lettres qui envoyaient vers le labo. Quand le sol était mouillé, les lettres étaient plus difficiles à repérer de surcroit !
- La cache est malheureusement archivée. Pourquoi avez dû prendre cette décision ?
Lorsque nous avons imaginé la cache, un projet d’un parc éolien était en cours mais avait été refusé et devait être réétudié. On savait donc que les jours de la cache étaient comptés avant même qu’elle ne sorte. On se disait que ce n’était pas le temps de vie qui était important, mais le nombre de joueurs satisfaits.
Le projet de parc éolien est revenu sur le devant de la scène à l’été 2020. Les engins forestiers sont venus pour déboiser. Dès lors, le site n’avait plus la même physionomie. Les maisons n’étaient plus cachées, le site perdait de son mystère. Les maisons n’étaient plus protégées par la végétation, ce qui a accéléré l’effondrement de certains bâtiments. On a commencé alors à se poser des questions sur l’avenir de la cache.
Ce qui devait arriver arriva : un mur s’est écroulé et a blessé sérieusement un randonneur (non geocacheur) qui explorait les maisons en ruine avec ses amis. Dès lors, la mairie a posé de nombreux panneaux d’interdiction d’accès au site.
C’était le clap de fin pour Pandémie. Nous ne pouvions pas décemment laisser la cache, nous ne voulions pas qu’un géocacheur se blesse ou rencontre des problèmes avec la mairie. Nous sommes retournés ramasser les boites trois mois plus tard, le site était méconnaissable : maisons effondrées, végétation masquant les barbelés sur la partie nord du site, troncs d’arbres en travers des chemins, panneaux d’interdiction d’entrée devant pratiquement chaque maison…Donc, aucun regret.
Elle a vu le jour le 6 septembre 2019 et a tiré sa révérence le 17 mai 2021, après 619 jours et 89 logs.
Lorsqu’on a posté le message d’archivage, nous avons reçu beaucoup de messages de sympathie, à la limite des condoléances ! Mais grâce à toi, elle continue de vivre dans les mémoires et la rubrique « nos chères disparues »…
- C’est un spot qui est assez fréquenté. Cela vous a-t-il généré beaucoup de maintenance ?
Aussi bizarre que ça puisse paraitre eh bien non. Juste la boite du WP1 qui contenait l’ordre de mission qui a disparu peu de temps avant l’archivage. Même la boite dans le « labo » qui était couramment utilisé par les joueurs d’airsoft est restée là du début à la fin !
La seule maintenance que nous avons dû faire est sur l’avant-dernier WP quand l’échelle à crinoline qui permet de monter en haut du château d’eau a été coupée à plusieurs mètres du sol. Du coup, l’indice qui s’y trouvait est redescendu à hauteur d’homme et les joueurs suivants n’ont pas eu le plaisir de profiter de la vue de tout là-haut !
- C’est toujours compliqué de se servir d’un lieu d’histoire, surtout une histoire comme celle de ce camp, pour poser une cache. Quel était votre état d’esprit par rapport à ça ?
Quand on a découvert ce site, on a aussi découvert son histoire. On s’est posé longtemps la question de la pertinence d’y poser une cache.
Le lieu était très fréquenté. Beaucoup de monde venait s’y promener, souvent en famille avec les enfants dans la poussette, sans parler des nombreux urbexeurs et joueurs d’airsoft qu’on y rencontrait même en pleine semaine.
Mais outre l’amusement, le géocaching permet de faire des découvertes. C’est ce qui nous a décidés. Faire découvrir ce qu’il s’était passé à deux pas de chez nous. On a donc construit notre scénario dans le respect du lieu et de son histoire. On tenait à ce que les joueurs passent par le chemin de mémoire avant de se lancer dans le jeu. Nous avons eu de nombreux retours positifs de joueurs venant parfois de loin, qui nous ont dit avoir découvert le Ban Saint Jean en venant faire notre cache.