Géocaching et Echinococcose

by Fabien
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Et qui ??? Nos cocos ?!? Mais qui c’est ça ? Hé bien l’échinococcose est une maladie plutôt méconnue, mais que les géocacheurs, et notamment les géocacheurs « des bois », devraient connaitre au même titre que la maladie de Lyme. Alors oui, on est loin d’être au même niveau épidémiologique, mais je vous invite à en apprendre un peu plus sur les kino… l’esquinau… lekkinoko… sur cette maladie. Et promis, je vais essayer de ne pas être trop pénible.

 

Lors d’une sortie avec un géocacheur qui se reconnaitra, nous en sommes venus à parler de l’échinococcose tout en passant devant les premières feuilles de l’année d’ail des ours. Alors, je ne vais pas vous donner la recette du pesto d’ail des ours, même si c’est un délice! Mais justement, là je dis STOP, et je dis attention à l’échinococcose !

Dead or Alive

 

En résumé:

Je vais donc vous parler de l’échinococcose et plus particulièrement de l’échinococcose alvéolaire et pour une fois je vais essayer de faire court et simple. [NDLR : Oups, je n’ai pas réussi à faire court]

Dans les grandes lignes et dans le cadre de notre activité en forêt, l’échinococcose est une maladie parasitaire que l’on peut attraper en mangeant les délicieuses productions de la nature. La délicate fraise des bois, la juteuse myrtille (ou brimbelle pour les connaisseurs ;)), l’aromatique ail des ours, la discrète ciboulette sauvage, le généreux pissenlit, le mystérieux champignon, le… bref, vous avez compris. Tout cela peut être à l’origine d’une maladie, principalement du foie, si vous consommez des plantes contaminées par des matières fécales ou même si vous portez des mains à la bouche après avoir touché de la terre. Le principal contaminateur sera le renard, mais nous verrons qu’il y a d’autres propagateurs de la maladie.

Il en résultera une parasitose, c’est-à-dire une maladie liée à un parasite. Ici un ver, à savoir l’échinocoque, qui considère que votre foie est un endroit très confortable pour y installer son lit pendant une bonne dizaine d’années, avant de se réveiller et provoquer des dégâts généralement graves.

Le principal vecteur de la maladie

Où peut-on se contaminer ?

Vous l’aurez compris en lisant le résumé, la contamination peut se faire en consommant des aliments souillés par des selles de renard, pour ce qui est du cadre forestier. On parle donc de végétaux et de champignons (et de minéraux si vous mangez des cailloux) qui sont à hauteur d’animal. Ainsi, les plantes situées en hauteur (plus de 50cm) ne sont normalement pas à risque.

Vous pouvez également vous contaminer en touchant de la terre ou une géocache souillée et en portant ensuite les mains à la bouche.

La contamination peut enfin se faire via la salive des animaux, ce qui sera d’ailleurs plutôt là une contamination des propriétaires de chiens ou de chats. A noter que la population la plus à risque est justement celle des les propriétaires de chiens consommant de petits animaux.

Il y a également une forte notion de répartition géographique. En effet, pour la France, on trouve une incidence des cas principalement dans le Nord Est et dans le Massif central. Mais la maladie progresse vers d’autres zones avec le temps. Pour les autres zones à risque, vous trouverez le Sud de la Belgique et des Pays-Bas avec une très forte prévalence en Wallonie, l’Allemagne, le Danemark, la Pologne, la Slovaquie et le sud de la Suède. Voilà, on remercie Wikipédia pour ces chiffres :p.

Source : CHU de Besançon

 

Comment s’en protéger ?

La première chose évidente est de ne pas manger de plantes sauvages proches du sol. On considère qu’à plus de 50cm de haut, il y a peu de risques de contamination. Mais à condition que ce ne fût pas récemment à moins de cette hauteur. En effet, les œufs du parasite s’accrochent fortement aux feuilles et peuvent survivre plus de deux ans dans la nature.

Si vous ramassez des choses à moins de 50cm de haut, il ne faut pas les consommer crues. Le lavage des plantes ou la congélation (il faudrait congeler à -80°C) ne suffisent pas à se débarrasser du parasite. En pratique, la méthode recommandée est la cuisson à plus de 60°C pendant plus de 30 minutes.  Mais l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFFSA) à fait des tests. À 212m d’altitude, ils obtiennent une désactivation des œufs en 10 minutes à 60 °C, 5 minutes à 70 °C, une minute à 100 °C. Si vous vivez en altitude, il faudra réviser ces chiffres à la hausse.

La seconde chose est de bien se laver les mains dès que l’on touche ou manipule des plantes, des caches ou tout simplement le sol qui auraient pu être contaminés.

Si vous avez des animaux domestiques, pensez à les vermifuger régulièrement, car nous avons vu que les échinocoques sont des vers. Mais attention seul le Praziquentel est efficace.

La dernière précaution à prendre est de porter un chapeau en aluminium sur la tête. Et, dans ce cas, pensez à m’envoyer une photo !

Source : Association Française d’Hépatologie

On a vu le plus important, maintenant je vais me permettre d’être un peu moins sérieux.

 

Le cycle de vie du parasite

Source : Ministère de l’Agriculture et de la Pêche

Mais alors comment le renard ou votre animal de compagnie peut se contaminer et devenir vecteur de la maladie ? C’est une très bonne question et je te remercie, insatiable curieux, de me l’avoir posée !

Tout commence par un petit matin. Le soleil se lève doucement sur un paysage magnifique. Les derniers souvenirs de la nuit disparaissent, emportés par la brume vaporeuse. Oh ! Là, regardez ! Un renard ! Il gambade joyeusement dans les herbes hautes ! Que la nature est belle ! Ah, mais il faut sa petite affaire. Laissons-lui un peu d’intimité et regardons ailleurs…

Les jours ont passé. La lune a succédé au soleil et le soleil à la lune. Les chaudes journées ont séché les pluies et les pluies ont rafraichi les sols frappés par les chaudes journées. Et les crottes ont disparu. Oui, mais pas les œufs que contenaient les déjections. Car notre renard était contaminé par le terrrrrrible (roulez les « r’), l’effrrrrroyable (roulez-les encore !), l’effrrrrrayant (encore plus fort) Echinococcus multilocularis !!! Mais dans le coin, on l’appelle simplement Maurice. Et le renard, lui, s’en fout.

Sur la scène du délit arrive un campagnol. Musique qui fait peur, lent zoom avant sur le campagnol. Lent zoom avant. Encore un peu le zoom, car un campagnol ce n’est vraiment pas gros. Regardez-le manger des feuilles ! Non, attends !!! Pas celle-là petit campagnol !!! Elle est contaminée !!!! Aussitôt la feuille ingérée, le campagnol se transforme en zombie à la recherche de chair fraîche et d’un humain à dévorer ! Fuyez pauvre mortel !!!

Euh, en fait non…. Je confonds avec un film que j’ai regardé hier soir. En fait, le campagnol s’en fout, lui aussi. Mais si vous aimez les histoires d’animaux zombie, vous adorerez le cycle de la grande douve du foie qui est également un parasite accidentel de l’homme et qui zombifie une fourmi, mais ça c’est une autre histoire. Je la raconte très bien si on m’offre une bière sur un évent, communion, mariage, baptême, bar mitzvah…

Revenons-en à notre campagnol. J’ai dit qu’il s’en foutait de s’être fait contaminer, mais en fait, j’ai menti. Oui, je sais c’est mal. Mais je ne voulais pas vous rendre triste. En fait, le campagnol, ou une autre bestiole qui ressemble, je ne suis pas sectaire, est-ce que l’on appelle l’hôte intermédiaire du parasite. C’est-à-dire que c’est là que la parasite va s’installer et attendre. Il va passer par une longue phase où il va rester cloitré dans le foie ou les poumons, à jouer à la console, à fumer des joints et envoyer des Snaps à ses potes. Si ça vous rappelle votre ado, c’est normal.

Qu’est-ce qui va finir par le faire devenir adulte ? Et bien un accident de la vie. Que les plus sensibles d’entre vous arrêtent immédiatement la lecture ici. Car, tapis dans l’ombre des fourrées, deux grands yeux jaunes brillent de malice et d’envie. Deux petites oreilles triangulaires sont tournées vers notre petit campagnol qui se promène en toute innocence. Et surtout, deux grandes rangées de dents aiguisées s’apprêtent à mettre fin à la trop brève existence de notre ami. Car oui, j’ose l’appeler un ami, puisque nous le suivons depuis maintenant trois paragraphes. Et ça, ce n’est pas rien ! Ça compte dans la vie d’un campagnol !

Clap de fin pour le rongeur, mais une nouvelle vie commence pour notre parasite. Il arrive dans les intestins du farouche prédateur et il devient enfin adulte. À lui le permis de conduire, le droit de picoler et surtout de venir coloniser définitivement les intestins du renard. À chaque vidange, les parasites libéreront une nouvelle génération d’oeufs pour perpétuer l’espèce et gagner des horizons nouveaux ! Je vous invite donc maintenant à relire tout le chapitre depuis le début puis comprendre la notion de cycle.

campagnol

Une future victime innocente, Source : WIkipédia

 

Et l’Homme dans tout ça ?

Hé bien, nous sommes un accident sur le parcours de l’échinocoque. Je sais que c’est dur pour vous de l’entendre, mais le parasite ne vous aime pas. Pour lui vous n’êtes qu’un « hôte en impasse ». Car vous n’allez pas lui permettre de poursuivre son cycle évolutif dans les intestins d’un canidé. La seule façon de vous racheter serait de vous faire manger par un loup. Mais je vous connais, égoïste que vous êtes, et je vous entends déjà. « Oui, mais il me reste 10 ans de crédit pour payer le GPS », « OK, mais c’est comment que je vais faire 5 tours de matrice si je suis mort ? », « Je veux bien, mais qui va promener Léonid le dimanche si je me fais bouffer par un loup ? » etc. etc.

D’accord, j’entends bien tout ça. Mais du coup, l’échinocoque il va être malheureux et attendre dans votre foie pendant 10 ou 15 ans. Il se fait un petit nid douillé que l’on appelle un kyste. Et puis un jour, hé bien il va faire sa crise d’adolescence. En général, c’est dans le foie que ça se passe et ça ne va pas être joli joli. Ça va faire un truc qui ressemble à une tumeur.

Honteusement récupéré sur Alamy stock photo.. Ah oui, c’est marqué dessus !

 

Cette mère de famille trouve un truc tout bête qui permet de se débarrasser d’une échinococcose. Big pharma la déteste ! Cliquez pour en savoir plus !

Travaillant un peu pour big pharma, je ne peux vous révéler le traitement miraculeux pour traiter l’échinococcose avec de simples barres de plutonium enrichi… Oups, oubliez ce que vous venez de lire ! En fait, le traitement n’est pas simple: chirurgie, chimiothérapie, antiparasitaires, greffe de foie. Bref, ce n’est pas terrible. Et en ce qui concerne l’espérance de vie sans traitement, ce n’est pas terrible non plus.

Avant d’affoler tout le monde, il faut garder en tête que, bien que grave, cela reste une infection rare. Les derniers chiffres que j’ai trouvés recensent environ 15 morts par an en France (2010). Ce qui est intéressant, ce sont les causes de la contamination en France. Je vous fais un copier-coller depuis Wikipédia. À noter qu’OR, ça veut dire Odds Ratio c’est-à-dire le rapport de « chance ». « Chance » en terme statistique, bien sûr.

  • être propriétaire de chiens qui consomment des petits mammifères : OR=18.0 ;
  • vivre dans une exploitation agricole : OR=6.4 ;
  • être propriétaire de chiens qui rôdent sans surveillance : OR=6.1 ;
  • collecter du bois : OR=4.7 ;
  • être agriculteur : OR=4.7 ;
  • mâcher de l’herbe : OR=4.4 ;
  • vivre dans une habitation proche des champs : OR=3.0 ;
  • aller en forêt pour des raisons professionnelles : OR=2.8 ;
  • faire pousser des légumes (racines et feuilles) : OR=2.5 ;
  • être propriétaire de chats qui rôdent sans surveillance : OR=2.3 ;
  • consommer des baies non lavées : OR=2.2.

Le traitement par la barre de plutonium

 

Bref,

Bref, sans pour autant s’affoler, je pense qu’il faut rester vigilant. Lavez-vous bien les mains après avoir touché de la terre ou des géocaches au sol et faites attention à ce que vous ramassez…. Oui maman…

Sources:

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